Né à Paris le 30 juillet 1857, Adolphe Willette
s’illustre
comme peintre et dessinateur humoristique. Il crée dans le journal
satirique
« Le chat noir » son immortel
personnage de Pierrot. On ne
peut
manquer d’associer le charmant Pierrot, poète montmartrois de
Willette,
à la célèbre chanson de Bessière et Marinnier :
« Bonsoir, Madame la Lune, bonsoir, c’est votre ami
Pierrot qui
vient vous voir … ». En 1884, Willette est
refusé au Salon
pour sa toile intitulée « Parce Domine », considérée
aujourd’hui comme un chef d’œuvre.
Willette est surtout connu à L’Isle-Adam pour son «
Bœuf
à la mode ». Chaque année, il venait avec Christiane, sa
compagne et modèle, passer les mois d’été dans une
petite maison située rue Saint Lazare, à proximité du quartier
du Vivray. Il avait connu Christiane alors qu’elle était vendeuse
de fleurs au foyer des Folies-Bergères à Paris. A L’Isle-Adam,
la jeune femme élevait, dans le petit jardin de leur propriété,
quelques poules et lapins, ainsi qu’une petite chèvre. Elle y
accueillait
également une soixantaine de chats.
Willette qui se fournissait en viande chez un boucher de la Grande Rue
se trouva
un jour, par accumulation d’achats devant une facture assez élevée.
Ne pouvant régler sa dette, le peintre proposa au commerçant de
lui décorer son tiroir caisse. Après quelques hésitations
et plutôt que de tout perdre, le boucher accepta. Willette se mit au
travail
et peignit d’un pinceau alerte un bœuf endimanché à
la mine réjouie. La peinture terminée, l’auteur eut l’audace
de demander une tranche de viande supplémentaire. Devant le refus
catégorique
du commerçant en colère, Willette rangea pinceaux et couleurs
et partit avec dignité sans signer son œuvre. Cette peinture resta
en place jusqu’à la transformation du magasin en 1970.
Pendant ce temps la petite chèvre des Willette montrait un appétit
immodéré pour les salades du voisin. Un jour qu’elle avait
franchi une fois de plus la haie de séparation pour se régaler
de verdure, le propriétaire exaspéré, se saisit de l’animal
et le tua tout net. Puis coupant la tête de la pauvre bête, il la
planta sur la grille d’entrée de ses voisins. Willette fut outré
par ce geste de sauvagerie et prit ce prétexte pour quitter
L’Isle-Adam
à tout jamais. Abandonnant Christiane, le peintre retourna habiter
Paris,
où il se maria en 1899. Le nouveau couple s’installa dans un petit
logement du quartier des Epinettes, au pied de la Butte Montmartre. De
cette
union naquirent trois filles. Comme bien d’autres de ses compagnons
peintres,
Willette connut les injustices, les luttes et les souffrances, mais il
eut la
joie de fonder son propre journal humoristique,
"Le Pierrot" où
paraissaient chaque semaine ses dessins aux légendes savoureuses.
Des honneurs, il n’en connaîtra qu’un seul, celui d’être
nommé président à vie de la fameuse République de
Montmartre. Son plaisir, il le passe en compagnie de son ami Poulbot,
durant
de nombreux Noëls à distribuer des jouets aux enfants pauvres.