Henri II de Montmorency
Henri II de Montmorency
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N° RMN175653
Né à Chantilly le 20 avril 1595, il est baptisé à Paris le 5 mars 1597 par le cardinal Alexandre de Médicis, légat du pape Clément VIII. Il a pour parrain le roi Henri IV. A cette occasion, le connétable Henry 1er de Montmorency donna dans son hôtel des fêtes superbes au roi et à toute la cour.
Le 27 juin suivant, Henri IV accorde à son filleul la survivance du gouvernement du Languedoc. Puis à l'âge de treize ans, il est conduit dans cette province par son père et présenté aux Etats.
Après l’assassinat d’Henri IV, la régente Marie de Médicis décide de donner pour épouse au fils du duc de Montmorency, sa nièce et filleule, la princesse Marie-Félicie des Ursins. En attendant, le 17 janvier 1612, elle confère à celui-ci la charge d’Amiral de France, devenue vacante par la mort de son oncle Charles de Montmorency. Il est marié par procuration à Florence, le 28 novembre et, en personne, l’été suivant. Les jeunes époux passent à la cour les premiers jours de leur union.
A la mort du connétable, en avril 1614, son fils Henri II reçoit en héritage tous ses domaines et, le 6 mai, il fait foi et hommage au roi des duchés de Montmorency et d’Amville à cause de la grosse tour du Louvre et aussi de la châtellenie de l’Isle-Adam relevant du bailliage de Pontoise.
En 1619, la peste fait son apparition à l’Isle-Adam ; elle y fait quatre victimes.
Le 1er janvier 1620, Henri II de Montmorency reçoit en grandes pompes les insignes de chevalier du Saint-Esprit. Ayant bientôt à combattre les Huguenots et ne recevant ni troupe ni argent, il engage à Lyon les diamants de sa femme pour 200.000 écus et lève des régiments, avec lesquels il arrête les rebelles et leur prend plusieurs villes. Blessé au siège de Montpellier (1622), il rejoint l’armée au bout de quinze jours.
La paix est conclue devant cette ville le 20 octobre, et Montmorency peut goûter quelques moments de repos dans son château de Chantilly.
En 1623, la peste reparaît à l’Isle-Adam et y fait douze victimes pendant le second semestre.
En 1625, le duc de Montmorency est chargé de combattre sur mer les Rochelais révoltés sous la conduite de Benjamin de Rohan, duc de Soubise.
Le 12 septembre, il attaque un vaisseau de guerre ennemi et le fait échouer à la rade de Saint-Martin de Ré. Le 16, il bat Soubise, qui s’enfuit à Oléron. Le 18, le fort de Saint-Martin de Ré et le 20 celui d’Oléron capitulent ; alors Soubise va chercher refuge en Angleterre. Toute la France retentit des éloges de l’Amiral de Montmorency vainqueur. Louis XIII lui écrit : « Mon cousin, la victoire que vous venez de remporter m’apporte une joie si grande et me donne tant de satisfaction que je ne sais comment vous exprimer le contentement que j’ai d’un succès si avantageux au bien de mon Etat. Je l’avais espéré de votre courage et de votre conduite. Je conserverai le souvenir des offices que vous m’avez rendus pour vous avoir encore en plus d’estime et vous faire ressentir les effets de ma bienveillance. »
Le duc Henri reçoit aussi un bref élogieux du pape Urbain VIII, le félicitant de sa victoire et lui promettant sa protection. Ce sont là les seuls avantages qu’il retire de son triomphe.
Le 2 décembre 1625, il fait aveu et dénombrement au roi, à cause de sa châtellenie de Pontoise, du fief de Vallangoujard, mouvant de l’Isle-Adam.
Richelieu, dont l’ambition croissait, engage le duc de Montmorency à se démettre de sa dignité de Grand Amiral, en lui faisant espérer l’épée de Connétable. Montmorency remet sa charge entre les mains du roi qui lui donne 1.200.000 livres en dédommagement et supprime la dignité de Grand Amiral et celle de Connétable. Tous les pouvoirs de Grand Amiral sont confiés au Cardinal sous le titre nouveau de « Grand Maître, Chef et Surintendant général de la Navigation et du Commerce de France. »
Le duc éprouva un autre sujet de mécontentement : son cousin Louis de Montmorency-Bouteville, bravant l’Edit contre les duels, s’était battu en plein jour sur la place Royale avec le marquis de Beuvron ; il avait été arrêté, mis à la Bastille, jugé et condamné à mort. C’est en vain que sa grâce fut sollicitée par Gaston d’Orléans, frère du roi, par le prince de Condé, par le cardinal de la Valette, par les ducs d’Angoulême et de Ventadour et surtout par le duc de Montmorency, qui écrivit au roi pour implorer sa clémence en faveur de son cousin. Malgré les supplications de la comtesse de Bouteville, de la princesse de Condé, des duchesses d’Angoulême, de Ventadour et de Montmorency, le malheureux Bouteville est décapité le 21 juin 1627.
Le duc Henri II est chargé, en 1630, de combattre le duc de Savoie ; il se comporte si bien que le roi lui écrit pour le féliciter et le nomme Maréchal de France. En lui présentant le bâton, il lui dit : « Acceptez-le mon cousin, vous l’honorerez plus que vous n’en serez illustré. »
Déjà Marie de Médicis, Gaston d'Orléans et plusieurs grands seigneurs se liguent contre le tout puissant Cardinal de Richelieu. Le roi lança un édit déclarant coupables de lèse-majesté son frère et ses adhérents. Montmorency se laisse entraîner dans la révolte. Il s’engage à recevoir Gaston dans son gouvernement, à condition qu’il n’y vienne qu’au commencement de septembre avec 2.000 cavaliers d’élite. Cependant, le duc d’Orléans, trop pressé, est déjà à Lunel le 30 juillet ; n’ayant ni vivres, ni munitions, ni argent. Montmorency doit l’entretenir à ses dépens ainsi que ses troupes. Il échoue devant Beaucaire, Montpellier et Narbonne. Il décide alors de prévenir l’effusion du sang français par la négociation ; mais Richelieu fait déclarer par le roi que le duc, criminel de lèse-majesté, a forfait son privilège de Pairie, qu’il lui enlève toutes les dignités et confisque tous ses biens. Montmorency exaspéré se décide à combattre. Le 24 août, il fait ses adieux à sa femme. Le 1er septembre, l’armée de Gaston rencontre l’armée royale près de Castelnaudary. Gaston, vaincu, s’enfuit ; mais Montmorency continue à se battre en héros. Criblé de blessures, écrasé sous son cheval, il est fait prisonnier. Transporté à Castelnaudary, puis à Lectoure et enfin à Toulouse pour y être jugé, il est condamné et décapité le 30 octobre 1632 sur la place du Capitole, bien que sa grâce eut été sollicitée par toute la Cour, par le Nonce du Pape, par Charles 1er, roi d’Angleterre, par le cardinal de la Valette, archevêque de Toulouse, par le duc d’Epernon et par la princesse de Condé. Quant à Gaston d’Orléans, son complice, il n'est pas même mis en jugement ; il en est seulement quitte pour la honte. La veuve du Duc est incarcérée à Moulins pendant un an, puis mise en liberté, grâce aux démarches de son frère, venu de son couvent d’Italie. En 1645, elle finit par avoir la permission de transférer le corps de son mari à Moulins où elle lui fait élever un superbe mausolée dans l’église du couvent de la Visitation (aujourd’hui chapelle du lycée). Le 30 septembre 1657, elle prend le voile dans ce couvent et, huit ans après, elle devient Supérieure ; elle y décède saintement le 5 juin 1666. Elle est inhumée auprès de son fidèle et infortuné mari.
L’arrêt du Parlement de Toulouse, qui avait ordonné l’exécution du duc, impliquait la confiscation de tous ses biens. Mais, en vertu de lettres patentes enregistrées au Parlement le 9 mars 1633, ils sont restitués à ses trois soeurs (Charlotte, Marguerite et Charlotte-Marguerite). C’est à Charlotte-Marguerite de Montmorency et à son mari, le prince Henri II de Bourbon-Condé, qu’échoit, entre autres, la châtellenie de L'Isle-Adam.