Association Les Amis de L'Isle Adam

La Seconde Guerre mondiale

à L'Isle-Adam

 

1940 - L'offensive allemande

    L'invasion de la Pologne par l'armée allemande, amène l'Angleterre, la France, l'Australie et la Nouvelle-Zélande à déclarer la guerre au IIIème Reich, le 3 septembre 1939.

    Le 10 mai 1940, la Wehrmacht passe l'offensive dans les Pays-Bas et la Belgique et perce le front français à Sedan, puis sur la Somme et l'Aisne le 6 juin. Les soldats français de toutes armes se replient en désordre devant le rouleau compresseur de l'ennemi. Parmi les militaires qui arrivent à L'Isle-Adam le 9 juin, certains appartiennent à la 13ème D.I. et au 264ème R.I. Après une nuit de répit, ces unités reçoivent pour mission de se déployer le long de l'Oise pour couper la route de Paris aux Allemands et de défendre le secteur de L'Isle-Adam. Dans la nuit du 11 au 12, les troupes françaises du Génie font sauter le pont du Moulin et les deux passerelles en béton en aval et en amont de l’île de la Cohue.

    Dès le 12 juin l'avant-garde ennemie arrive par Champagne et Parmain et engage aussitôt une première offensive. Surpris par une résistance imprévue, les Allemands subissent des pertes importantes. Malgré ces revers, ils tentent de traverser la rivière dans la nuit du 12 au 13, mais sans succès. A 1h30 le 13 juin, après une résistance héroïque, les Français reçoivent  l'ordre de se replier vers Paris. La bataille de L'Isle-Adam est terminée. Le poste de radio allemand de Zeemen diffuse le 12 juin 1940 le bulletin d'information suivant « .... Nos troupes se sont trouvées devant des troupes françaises qui ont opposé une forte résistance à notre avance. Nous nous sommes trouvés devant une artillerie dont le tir s'est révélé d'une précision étonnante. Il y avait là une armée d'élite. »


     Le calme revenu, le docteur Louis Senlecq, maire de L’Isle-Adam, fait appel à une douzaine de volontaires pour donner une sépulture honorable aux cent douze soldats français tombés au cours de ces combats.

     Sur les bords de l'Oise et à proximité d'un blockhaus se dresse aujourd'hui un monument commémoratif aux soldats morts pour la défense de L'Isle-Adam. Il a été inauguré le dimanche 15 juin 1947 par Paul Coste-Floret, ministre de la guerre .   

Blockhaus sur les

bords de l'Oise


     Le pont du Moulin est remplacé provisoirement par une passerelle métallique. Sur les 5.000 habitants que comptait L'Isle-Adam, il ne reste plus qu'une centaine de personnes. La plupart ont fuit provisoirement les combats.

     Le 18 juin 1940, le général Charles de Gaulle, lance à la radio anglaise son appel à la résistance. Le 28 juin, l'Armistice est signé, la France se trouve coupée en deux : la zone occupée au nord et la zone libre au sud. Une longue période d'occupation commence. Les plus belles maisons de L’Isle-Adam  (hôtel de l'Écu de France, château Manchez, demeures cossues de l'île du Prieuré et de la Grande Rue, ...) sont réquisitionnées. La Kommandantur s'installe d'abord au Castelrose, puis au 60 avenue de Paris et enfin en 1944 dans la pension de famille l'Oasis, située rue de Pontoise.   

Monument commémoratif

des combats de juin 1940


     Au cours de la nuit de Noël 1940, pour la première fois depuis la défaite, la Royal Air Force bombarde les usines de Beaumont. L'hiver qui suit est particulièrement rigoureux. L'Oise est entièrement gelée. Des difficultés de tous ordres commencent à se faire cruellement sentir pour la population : approvisionnement, cartes de rationnement, tickets d'essence, développement du marché noir ... A cela s'ajoute, à la demande du IIIème Reich, la création d'un Service de Travail Obligatoire (STO), légalisé par la loi du 16 février 1943. Les hommes valides de L'Isle-Adam ont pour alternative : soit se soumettre à ce STO, soit rejoindre la Résistance.

    En janvier 1942, les allemands retirent les bustes en bronze des monuments commémoratifs du peintre Jules Dupré et du gouverneur général Louis-Gustave Binger pour les envoyer à la fonderie. Au cours de l'année 1943, ils construisent un immense entrepôt de munitions dans la forêt de Cassan. Employés par des entreprises allemandes, plusieurs milliers de civils vont être mis à contribution pour la réalisation de bâtiments de stockage qui ne doivent pas être détectés par les avions alliés.

 

1944 - La délivrance   


     Enfin, après quatre longues années de souffrance, le grand jour arrive. Le 6 juin 1944, la radio anglaise annonce le débarquement des forces alliées en Normandie. Les résistants du secteur se préparent à passer à l'action et se regroupent dans les bois de Ronquerolles. On y trouve une trentaine de F.F.I., dirigés par le commandant Philippe Viannay, et une cinquantaine de F.T.P. conduits par Corentin Quideau de Champagne-sur-Oise et Kléber Dauchel de Chambly.

Dès le 7 juin, des résistants, conduits par Elie Quideau, font dérailler, entre Persan et Champagne, un train de chars allemands se dirigeant vers la Normandie .


Corentin Quideau


Le 19 juin au matin, deux officiers allemands, qui ont repéré des traces de passage de véhicules se dirigeant vers les bois de Grainval et de la Tour du Lay (appelé aussi bois de Ronquerolles),  aperçoivent des résistants à l'orée de la forêt. Ils ouvrent le feu. Un résistant est tué (Maurice Roux) et l'un des deux officiers allemands est blessé. Ces derniers se retirent et font appel à d'importants renforts qui vont cerner les bois dans les heures qui suivent. Un violent combat s'engage au cours duquel 3 résistants sont tués : Elie Quideau, Jean Lopez et Jean Vialet. Une bonne partie des résistants, dont Philippe Viannay et la section F.F.I. d'Henri Desjoyaux,  réussissent à échapper à l'encerclement. En fin de journée, bien qu'ayant subit des pertes, les Allemands sont maîtres du terrain. Ils ont capturé 34 personnes dont des résistants qu'ils emmènent dans des camions au camp de Cassan. Le lendemain, les prisonniers sont interrogés au château de Cassan par la Gestapo, venue exprès de Paris. Le même jour à 20h30, 11 d'entre eux, blessés au cours des combats, sont exécutés à la mitraillette par la Gestapo dans une carrière située en bordure du chemin des 3 Sources, car les militaires allemands ont refusés de se faire les complices de cette parodie de jugement. Les soldats allemands avaient aussi ramassé quelques civils qui avaient eu le malheur de se trouver dans les parages (personnel de la ferme des Tuileries à Ronquerolles et promeneurs). Ils sont libérés par l'officier du camp de Cassan et s'en tirent avec une belle frayeur ! Parmi les autres résistants faits prisonniers, certains sont conduits à la Kommandantur de St Cloud à Paris, puis à la prison de la Santé avant d'être acheminés dans des camps de concentration en Allemagne (Pierre Carlier, Jean Vincent, André Beaurain...). Cinq résistants du groupe F.T.P., capturés sans armes dans la grotte de Courcelles, sont conduits à la Kommandantur de Beauvais.

 

     Une stèle inaugurée le 20 juin 1945, a été érigée sur le lieu même de l'exécution de ces 11 résistants sauvagement abattus : Corentin Quideau, David Régnier (neveu du grand résistant Honoré d'Estienne d'Orves), Émile Brunet, Gaston Lanneluc, Raymond Laurent, Yves Levallois, Pierre Meifred-Devals, Jean-Charles Fritz (fils d'un docteur de L'Isle-Adam), Pierre Mercier, Louis Puccinelli et Jean Salmon-Legagneur. 

 


Monument aux fusillés

Chemin des 3 sources

 

     Londres est informé par la Résistance de la présence d'importantes installations ennemies dissimulées dans les bois de Cassan. Pour mieux protéger leur base, les Allemands ont interdit la circulation sur l'actuelle départementale 922, entre L'Isle-Adam et Beaumont. Il est bien difficile aujourd'hui de savoir ce que cachaient exactement ces installations : centre de montage de V1, importants stocks de munitions et d'explosifs,...? Seule certitude, les Allemands avaient installé une voie de chemin de fer, inaccessible aux civils. Elle reliait le camp de Cassan au réseau de la SNCF. Le raccordement s'effectuait aux environs de Mours. Elle permettait d'acheminer les V1 ou les pièces détachées dans les carrières de Saint-Leu d'Esserent, importante basse de stockage de V1 .

    Le commandement des forces alliées décide alors d'une action de grande envergure sur cet objectif stratégique, qui abrite aussi un état major de la Luftwaffe au château de Cassan. Le potentiel destructeur enfoui à L'Isle-Adam est trop important pour qu'on laisse les Allemands se replier avez ce matériel. Aussi, le mercredi 5 juillet 1944 à midi, les avions alliés arrivent en trois vagues successives et déversent leurs bombes sur la forêt. Dès le lendemain, même scénario, mais les bombardements entraînent aussi la destruction de nombreuses maisons et la mort de civils. Le 13 juillet, le quartier de Nogent et les installations allemandes de Cassan sont à nouveau la cible des raids aériens.

    Le 1er (ou le 2 août), la BBC émet par trois fois le message suivant « Adam tremblera dans son île ». Mais à L'Isle-Adam personne ne sait décoder ce message. Le jeudi 3 août, vers midi, la ville subit le bombardement le plus violent et le plus meurtrier qu'elle eut à endurer au cours de ces mois tragiques. Pendant une demi heure, plusieurs centaines d'avions déversent près de 3.000 bombes, écrasant Nogent et les bois de Cassan sous un déluge de fer et de feu. Les maisons de Nogent s’effondrent au milieu de nuées de poussière.

 

     Furieux des dommages subis, les Allemands arrêtent deux jeunes FFI (François Touchon et Michel Rémon) et les fusillent le 14 août, après les avoir torturés. Une stèle a été élevée en leur souvenir sur la D64, non loin de la maison forestière de la grille de L'Isle-Adam.

    Armand Georges, dit Géo Grandjean, ancien lieutenant de réserve, est chargé de l’animation de la Résistance de notre région. Il utilise sa propriétaire du château des Forgets, où il a installé une fabrique de chocolat, comme base d’organisation de la lutte armée. Arrêté avec d'autres résistants, le 16 août vers 19 heures, ils seront exécutés à la mitrailleuse à Domont, au lieu dit « Les trois chênes », après avoir été torturés à la Kommandantur de L'Isle-Adam. Géo Grandjean recevra la Légion d’honneur à titre posthume.

     Le 18 août, un nouveau raid aérien achève pour la 6ème et dernière   et dernière fois les destructions commencées. Tous ces raids ont provoqué de vastes dégâts au quartier de Nogent : 51 morts et 48 blessés de tous âges. C'est ainsi que 9 personnes de la famille Morancy périssent écrasées dans un abri, rue St Martin. 200 immeubles sont entièrement détruits à L’Isle-Adam et 340 sont endommagés. En outre 1.500 habitants se retrouvent provisoirement sans abri. L'hôpital est touché, le château de Cassan est en ruine et celui de Stors, appartenant au marquis de Montebello, est gravement endommagé. C’est la désolation dans la cité.



 La forêt de Cassan

après les bombardements


Le Grand Pont effondré dans l'Oise

                                                                                       Nogent après les bombardements

Le 23 août, alors que la libération de Paris est engagée, les Allemands, dans un dernier accès de colère, fusillent 4 jeunes résistants (Jean et Michel Reberteau, Clément Roche et Simon Varsi), sur la route Conti, à proximité de l'entrée du château des Forgets. Une stèle a été élevée en leur souvenir.

     Enfin le 30 août, les Allemands quittent définitivement la ville, entre 11h00 et 15h00, après avoir fait sauter le Grand-Pont. Ils s'enfuient par Parmain et Champagne, en mitraillant au hasard des victimes innocentes. Vers 17h00, le premier blindé américain, venant de Mériel par le carrefour du Vivray, entre sans combat dans L'Isle-Adam. La population manifeste sa joie auprès des soldats alliés venus la délivrer de l'occupant.



    Des réparations urgentes sont effectuées sur les écluses de L’Isle-Adam de façon que les premières péniches puissent circuler à partir de novembre 1944. Afin de rétablir la circulation entre l’Isle-Adam et Parmain, alors que les deux parties du tablier du Grand Pont sont effondrées dans la rivière, les charpentiers et les menuisiers de L’Isle-Adam construisent une passerelle flottante en bois.

     L'armistice est signé le 7 mai 1945 à Reims et le 9 mai à Berlin.

    Georges Bernier, maire de L'Isle-Adam, inaugure le 3 novembre 1946 le monument commémoratif aux 51 victimes civiles des bombardements alliés de juillet et août 1944. Il s'agit d'une stèle placée sur la fontaine de la place de Nogent. A l'entrée de la ville, au Rond point des alliés (au Vivray), une stèle en pierre, dressée comme un menhir, rappelle le souvenir de la libération de la ville par les alliés le 30 août 1944.



  Le 11 novembre 1948, la ville de L'Isle-Adam se voit citée à l'ordre de la brigade, avec attribution de la médaille de la Croix de Guerre avec étoile de bronze pour son courage et les souffrances endurées au cours des terribles bombardements aériens de 1944.

    Le dimanche 18 juin 1950, M. Pléven, ministre de la guerre, remet cette médaille au maire Georges Bernier.

 


Remise de la Croix de Guerre


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