Curé de L’Isle-Adam de 1848 à 1885

Il
voit le jour à Vignot en Lorraine le 21 janvier 1810. Encore en bas
âge,
il perd son père. Sa mère, n’ayant que de quoi se suffire,
le place chez le frère de la première femme de son mari, l’abbé Le
Bonhomme, qui vient d’être nommé au diocèse de
Versailles. Celui-ci fait entrer Jean-Baptiste au Petit Séminaire
de cette ville. Là, le futur curé de L’Isle-Adam se distingue
par son goût pour l’étude. Au Grand Séminaire,
ses aptitudes sont bien vites reconnues. Encore séminariste, il
travaille
déjà dans les bureaux de l’évêché et
quelquefois même dans le cabinet particulier de l’évêque.
Aussitôt après son ordination, il est nommé prêtre
comptable de la cathédrale, vicaire de la cathédrale, économe
du Grand Séminaire. Dès cette époque, l’abbé Grimot
s’occupe d’archéologie et se dépense pour la décoration
de la maison de Dieu. En 1833, il embelli une chapelle de la
cathédrale.
L’évêque Mgr Gros ,qui avait remarqué ses capacités,
le nomme curé de L’Isle-Adam en 1848, poste qu’il occupera
jusqu’à sa mort le 3 septembre 1885.
A L’Isle-Adam, sa vie est toute écrite
dans les œuvres qu’il a fondées, dans les monuments qu’il
a élevés, restaurés ou décorés. Cet homme
de Dieu, avait aussi le goût de l’Art et de la Science. Mais
son plus grand mérite, c’est que sans fortune, avec seulement
des quêtes souvent répétées, avec des dons et
des offrandes qu’il avait le talent de provoquer, il a fait beaucoup
et très bien. Pour atteindre ce double but, surtout le dernier, il
n’a jamais craint d’engager l’avenir, si incertain qu’il
fût. Le malheur et la difficulté des temps ne l’on ni
découragé ni fait renoncer à ses grands projets. C’est
ainsi qu’en 1875, alors que déjà partout les chantiers
commençaient à chômer, il entreprit la construction de
la chapelle de la Vierge, de la salle des catéchismes et de la
sacristie.
L’abbé Grimot ne modifiait jamais ses plans que pour les grandir.
Si
bons, si généreux que fussent les habitants de L’Isle-Adam,
la tâche ne fût pas toujours facile à ce grand bâtisseur.
Il n’est aucunes des restaurations de son église qui ne lui ait
suscité des oppositions. Mais c’est une de ses gloires les plus
légitimes de n’avoir jamais reculé. Chaque projet était
longtemps mûri. Pour se convaincre de l’immense tâche accomplie
par l’abbé Grimot, il suffit de lister les principaux travaux
exécutés dans la paroisse de L’Isle-Adam :
- Mise en place d’une trentaine de
magnifiques vitraux,
réalisés par le maître verrier parisien Gaspard
Gsell, élève du peintre Ingres à l'école des Beaux Arts de
Paris, (voir rubrique réhabilitation du patrimoine)
- Restauration du portail endommagé pendant la Révolution,
- Rehaussement du clocher sur le modèle de celui de l'église de la
Trinité à Paris,
- Réfection de la couverture de l’église et du dallage
intérieur,
- Remplacement de la porte d’entrée,
- Construction du presbytère et de la chapelle de la Vierge,
- Achat de mobiliers de valeur : chaire, stalles du choeur, tribunes
de
l’orgue, tableaux,
confessionnaux,
autels et ornements sacerdotaux,
- Confection de grilles pour entourer le chœur et l’extérieur
de l’église….
L’abbé
Grimot s’occupait aussi d’archéologie.
Sa riche bibliothèque l’avait initié à bien des
secrets de l’histoire. Son goût prononcé pour les recherches
lui avait fait réunir un grand nombre d’antiquités. L’érudit
doublé du collectionneur ne pouvait manquer d’avoir ses entrées
dans les Sociétés savantes. Il était correspondant du
Ministère de l’Instruction publique pour les travaux historiques,
membre de plusieurs sociétés savantes, vice-président
de la Commission départementale des Antiquités et des Arts de
Seine-et-Oise. Il publia aussi de nombreux articles et notices : Notices
sur les prieurés des Bonshommes et de Notre-Dame de L’Isle-Adam,
sur les verrières de l’église de l’Isle-Adam, sur
la Crosse dite de Saint Gautier, sur le dolmen de la forêt de
Carnelle, notice historique et archéologique sur l’église paroissiale
de l’Isle-Adam, Histoire de la ville de L’Isle-Adam et de ses
seigneurs,
Recueil de poésies religieuses….
sans oublier de nombreux
rapports scientifiques sur des fouilles
archéologiques
qu’il avait effectuées.
Pendant la guerre de 1870, l’ennemi l’utilise comme bouclier humain face à la barricade élevée sur l’île du Prieuré par des résistants. La même année, il reçoit les palmes d’officier d’Académie, et, quelques années plus tard, celles d’officier de l’Instruction publique. En 1883, pour le cinquantième anniversaire de son sacerdoce, la population tout entière prend part aux joies des Noces d’Or de son cher pasteur.
L’abbé Grimot qui ne s’était jamais résigné à restreindre ses occupations, malgré l’âge et la maladie, fut terrassé par cette dernière. Après deux mois de grandes souffrances, il s’éteint le 3 septembre 1885. Pour ses funérailles, la belle et vaste église de L’Isle-Adam était beaucoup trop petite pour contenir la foule de fidèles et d’amis, et les nombreuses personnalités venues rendre un dernier hommage à ce grand bâtisseur. César Franck, organiste de Sainte Clotilde à Paris, tenait l’orgue. Puis le cortège, quittant l’église, s’est déroulé à travers les rues de l’Isle-Adam et de Nogent jusqu’au cimetière, où le corps du défunt a été enterré.
L’abbé Grimot avait émis le souhait d’être
inhumé dans la chapelle de la Vierge qu’il avait fait construire
avec beaucoup de raffinement, et où son caveau funéraire était
préparé. Mais ce vœu n’a pas hélas été exhaussé par
le Ministre.
Depuis la construction de l’église Saint-Martin de L’Isle-Adam
en 1499, aucun prêtre n’aura fait aussi bien que lui pour
l’embellissement
de ce superbe édifice religieux.

L'église en 1868

Tombe de l'abbé Grimot