A une cinquantaine de mètres au-dessus de la rue de la Madeleine, à la limite du parc de Cassan, la sente de l’ancienne église de Nogent conduit à l’endroit où était autrefois une église, dont la fondation était antérieure de près de mille ans à celle de l'église actuelle de L’Isle-Adam.
On trouve dans une charte du roi Charles le Chauve, établie à Compiègne le 19 septembre 862, la mention de l’église de Nogent en Chambliois (Nogent dépendait depuis l’époque gallo-romaine du pays de Chambly). Dans cette charte, le roi donne en revenus l’église de Nogent aux religieux de l’abbaye royale de Saint-Denis. On retrouvera trace de cette église dans d’autres chartes établies au cours des siècles suivants. Ainsi le 21 juillet 1252 Ansel III, seigneur de L’Isle-Adam, lègue à cette église des subsides pour l’entretien de la lampe placée devant l’autel de la Vierge , ainsi que pour des réparations à cet édifice. Le 22 août 1300, Simon de Clermont, évêque de Beauvais, diocèse dont dépendait alors l’église de Nogent, transfère le siège de la paroisse depuis le Prieuré Saint-Godegrand à l’église Saint-Martin de Nogent. Par la suite cette église aura à souffrir des méfaits de la guerre de Cent Ans.
Suite à la construction de la nouvelle église de L’Isle-Adam en 1499, celle de Nogent perd progressivement de son importance. En 1539, la cure paroissiale est transférée dans la nouvelle église qui n’est pas encore entièrement achevée. Celle de Nogent sera désaffectée et laissée à l’abandon en 1560. Son dernier curé, Michel Daincourt, avait été nommé par une bulle du Pape en 1543.
En 1793, pendant la Révolution, des profanateurs ont creusé le sol à l’intérieur des vestiges de l’église afin d’en extraire des cercueils en plomb qu’ils ont vendu pour le métal. On prétend qu’ils ont également trouvé des bijoux anciens.
Vers 1850, l’historien de Parmain Alexandre Denise a vu les vestiges de ce monument qui se composaient de quatre murs s’élevant encore à deux mètres de hauteur et formant un quadrilatère. Il se souvient qu’un gros pommier avait poussé à l’intérieur de ce bâtiment. A son avis ces restes s’apparentaient plus à une grande chapelle qu’à une église.
En 1860, l’abbé Grimot, curé de L’Isle-Adam, fait raser les derniers vestiges de cette église. En 1892, les nouveaux propriétaires du terrain effectuent des fouilles archéologiques. Ils retrouvent les fondations des quatre murs. Alexandre Denise, qui assiste à ces recherches, constate que les pierres utilisées pour les fondations sont des réemplois. En outre sous ces pierres sont encastrés des sarcophages en plâtre de l’époque carolingienne. Ces éléments donnent créance à la tradition locale qui rapporte que l’église de Nogent ne se serait pas toujours trouvée à cet endroit. Elle s'élevait probablement plus au nord, sur l’emplacement du château de Cassan construit en 1869 par Jules Bonnin. Lors de l’édification de ce château, on a trouvé dans la fouille des fondations un certain nombre de sépultures mérovingiennes. Toujours d'après la légende, cette église aurait été construite au IVe siècle, en pleine domination romaine. Il n’y avait à cette époque que 7 églises dans toute l’étendue de la Gaule romaine et les chrétiens venaient d’assez loin à la ronde y assister à la messe, entre autre de Saint-Denis. On peut dont affirmer que c’est vers le Xème ou XIème siècle que cette église a été démolie et reconstruite sur un autre emplacement qui avait servi auparavant de nécropole.
Pour rappeler l'emplacement de cette église disparue, il ne reste aujourd’hui qu’une croix en fer dressée à l’angle de la rue de la Madeleine et de la sente de l’ancienne église de Nogent. Seul souvenir concret, un dessin du peintre adamois Renet-Tener (1845-1925), conservé dans les archives du musée d'art et d'histoire Louis Senlecq, représente les vestiges de cette ancienne église juste avant sa destruction en 1860.