Anne de Montmorency
Né à Chantilly le 15 mars 1493, Anne de Montmorency est le filleul de la reine Anne de Bretagne. Il se trouve apparenté aux Villiers de L'Isle-Adam du côté paternel et du côté maternel. En effet son père Guillaume de Montmorency avait pour bisaïeule Perronelle (ou Pernelle) de Villiers, mariée à Charles de Montmorency. D'autre part sa mère, Anne Pot, morte le 24 février 1510, était fille de Guy Pot et de Marie de Villiers (fille de Jacques de Villiers et de Jeanne de Nesle).
Dès l’âge de 10 ans, au château d’Amboise, il accompagne le futur roi François 1er, d’un an son cadet. Il sait gagner la confiance du souverain et connaîtra une carrière éclatante : gentilhomme de la chambre dès 1514, puis premier valet de celle-ci en avril 1520, fonctions enviables et enviées puisqu’elles assuraient des contacts quotidiens avec le roi ; chevalier de l’ordre de Saint-Michel, la plus haute distinction de ce temps, en 1522.
Il est d'abord connu sous le nom de Rochepot. Mais à la mort de son frère aîné Jean, en 1516, il devient l'héritier du nom.
Il est élevé dans le métier des armes et s'y distingue de bonne heure. Il prend une part des plus actives à tous les événements militaires et politiques des règnes de François 1er, Henri II et Charles IX. En 1515, il est à Marignan et à Mézières avec Bayard. Nommé capitaine de la Bastille le 31 octobre 1516, il est fait Maréchal de France le 6 avril 1522, titre qui lui ouvre l’accès au conseil du roi. Il est nommé gouverneur du Languedoc en 1524. Le 23 mars 1526, il est nommé Grand Maître de France, charge qui lui donne autorité sur tous les services de la Maison du roi et lui confie une sorte de surintendance sur les bâtiments et les domaines. Il est blessé et fait prisonnier à la bataille de Pavie en 1529, mais le roi François 1er paye sa rançon.
Le 10 janvier 1526, il épouse Madeleine de Savoie, fille de René de Savoie et d'Anne Lascaris, comtesse de Tende. A cette occasion la reine mère, Louise de Savoie, lui constitue 6.000 livres de rente sur son patrimoine ; la comtesse de Tende lui fait une dot de 50.000 livres ; le roi lui donne pareille somme et lui confère le comté de Beaumont-sur-Oise, qu'il déclare d'ailleurs rachetable par le domaine.
Par actes du 26 août et du 10 septembre 1527, Charles de Villiers donne, sous réserve d'usufruit en sa faveur, la châtellenie de l'Isle-Adam à Anne de Montmorency son cousin. Ce dernier gardera pendant 40 ans cette seigneurie. Le 11 septembre, il fait foi et hommage au roi pour cette châtellenie.
A la mort de son père, en 1531, Anne de Montmorency se retrouve à la tête d’un patrimoine important.
Le 9 juin 1531, François 1er , qui allait de Saint-Germain-en-Laye à Chantilly, s'arrête au château de L'Isle-Adam.
En 1535, Claude de Villiers, frère cadet de l'évêque Charles de Villiers, s'oppose à la prise de possession de la châtellenie de L'Isle-Adam par Anne de Montmorency, mais le 9 septembre 1538, le Parlement maintien le maréchal dans son droit.
Après avoir arrêté l'invasion des troupes de Charles Quint, il est fait connétable le 10 février 1538 par le roi François 1er à Moulins dans le château de l'ancien connétable Charles III, 8ème duc de Bourbon qui avait trahi le roi. Par cet honneur suprême il devient le plus haut dignitaire de la couronne.
Le 26 novembre 1539 et le 30 septembre 1540, Anne de Montmorency reçoit à nouveau le roi dans son château de L'Isle-Adam.
Mais lorsque Charles Quint promettant de donner au duc d'Orléans l'investiture du Milanais, eut obtenu le passage à travers la France pour châtier les Gantois révoltés, Montmorency fut disgracié pour avoir conseillé au roi de ne pas exiger de promesse écrite (1541). L'empereur, une fois maître de l'insurrection, osa déclarer qu'il n'avait rien promis.
La disgrâce du connétable est consommée le 14 juin 1541 et durera jusqu'à la fin du règne de François 1er. Retiré dans ses terres, Anne de Montmorency supportait cette disgrâce avec sérénité. Pour étendre ses domaines, il faisait de nombreuses acquisitions. Il surveillait la construction de ses châteaux de Chantilly, de Montmorency et d'Ecouen. Il réédifiait le château de L'Isle-Adam et le moulin banal, situé sur le pont de Parmain. Il faut dire qu'il possédait une fortune colossale avec six cents fiefs, plus de cent trente châteaux et seigneuries (la baronnie de Montmorency et les seigneuries de Compiègne, Chantilly, Ecouen, Villiers-le-Bel, l’Isle-Adam, Damville, Fère-en-Tardenois, ...) et plusieurs hôtels à Paris. Ces revenus considérables lui permettaient de protéger les artistes.
En 1547, le nouveau roi, Henri II, rappelle à la Cour le connétable, qui l'avait formé à la guerre. Il visita ses trois résidences, dont L'Isle-Adam, avant de se faire sacrer à Reims le 27 juillet. C'est au château de L'Isle-Adam que le 23 avril de la même année, il tint conseil au sujet de l'autorisation que lui avait demandée Vivonne de la Châtaigneraie de se battre avec Guy Chabot, baron de Jarnac. La Châtaigneraie avait tenu, devant le dauphin, des propos inconsidérés contre Chabot et celui-ci avait opposé un démenti si formel qu'il devait en résulter un duel. Ce duel judiciaire en champ clos, le dernier qui eu lieu en France, fut autorisé par le roi et se tint le 10 juillet à Saint-Germain-en-Laye, en présence de la famille royale et du connétable, qui fut juge du champ. D'un coup d'épée, Jarnac coupa le jarret de son adversaire et fut déclaré vainqueur.
Au mois d'août, le roi et le connétable reprirent aux Anglais trois forts autour de Boulogne-sur-Mer ; puis ils regagnèrent Paris en s'arrêtant huit jours à Amiens, trois à Chantilly, autant à Ecouen et à L'Isle-Adam. Peu après, Henri II, conseillé par Montmorency, conclut la paix, et Boulogne fut restitué à la France pour 400.000 écus d'or. C'est François de Montmorency, fils aîné du connétable Anne, qui prit possession de cette ville le 25 avril 1550, au nom du roi, qui y fit son entrée solennelle le 15 mai. Le 17 septembre Henri II était de nouveau au château de L'Isle-Adam. Le 2 juillet 1551, voulant conférer au connétable une dignité héréditaire, il érigea la baronnie de Montmorency en duché-pairie.
Le 3 février 1552, une sentence des requêtes du Palais adjuge à Anne de Montmorency la seigneurie de Jouy-le-Comte.
La guerre ayant repris, les impériaux occupent Thérouanne et font prisonnier François, fils aîné du connétable.
Au siège de Saint-Quentin, Anne de Montmorency combat en héros ; mais blessé à la hanche, il tombe de son cheval et est fait prisonnier. On paya pour sa rançon 200.000 écus d'or.
Revenu à la Cour, il conclut la paix, qui fut signée à Cateau-Cambrésis, le 3 avril 1559.
Le nouveau roi François II le reçut assez bien, lorsqu'il vint lui rendre ses hommages ; mais il lui dit qu'il était d'un âge à se reposer ; qu'il pourrait revenir à la cour et jouir de ses pensions. Le connétable lui demanda sa protection pour ses enfants et ses neveux et il se retira à Chantilly.
Le 21 janvier 1560, le duc de Montmorency et sa femme Madeleine de Savoie faisaient un partage testamentaire entre leurs enfants.
Mais le connétable reprend tout son crédit sous Charles IX. Il devient le chef des catholiques pendant les guerres de religion. A la tête des catholiques, il eut un cheval tué sous lui à la bataille de Dreux et reçut un coup de pistolet au visage ; aussitôt entouré d'ennemis, il dut se rendre (19 décembre 1562). Trois mois après, la paix allait être signée à Amboise.
Le 15 mai 1567, le connétable, seigneur châtelain de L'Isle-Adam, ordonnait la saisie du fief de Châteaupré, faute de devoirs non faits par Philippe de Cassan.
Le 1er octobre 1567, il assiste à la dédicace de l'église de L'Isle-Adam.
Déjà une nouvelle guerre de religion éclate. Le connétable gagne la bataille de Saint-Denis ; mais emporté par sa bravoure, il est grièvement blessé ; transporté à Paris dans son hôtel, il y expire le lendemain 12 novembre 1567. Ses obsèques seront célébrées solennellement à Notre-Dame. Son cœur est déposé aux Célestins de Paris dans un tombeau composé par Barthélemy Prieur et exécuté par Jean Bullant. Son corps est inhumé en l'église Saint-Martin de Montmorency, dans un beau mausolée commandé à Jean Bullant par Madeleine de Savoie, qui vécut jusqu'en 1586 et fut inhumée auprès du connétable. Anne de Montmorency termine ainsi stoïquement et pieusement une longue vie consacrée "à sa religion, à son roi, à sa patrie". Au cours de cette existence si noblement remplie et qui se trouve mêlée intimement à l'histoire de France au XVIème siècle, le connétable ne cessa de s'intéresser aux arts et aux artistes : le souvenir de la protection qu'il leur accorda nous est conservé par les travaux qu'il fit exécuter aux églises de Montmorency, de L'Isle-Adam et d'Ecouen, au grandiose château d'Ecouen et au château de Chantilly.
Anne de Montmorency, surnommé « le grand connétable », est le personnage le plus représentatif et le plus illustre de sa lignée.
Sa femme, Madeleine de Savoie, lui avait donné 12 enfants :
- François, l’aîné, qui lui succèdera ;
- Henri, qui remplaça son frère aîné, sans mort sans postérité ;
- Charles, fait duc de Damville et pair de France en 1610, marié à Renée de Cossé et décédé en 1612 ;
- Gabriel, baron de Montbéron, tué à la bataille de Dreux en 1562 ;
- Guillaume, seigneur de Thoré, marié à Léonore d’Humières, puis à Anne de Lalaing ;
- Eléonore, mariée à François III de la Tour ;
- Jeanne, qui épousa Louis de la Trémoille ;
- Catherine, mariée à Gilbert III de Lévis ;
- Marie, qui épousa Henri de Foix ;
- Anne, abbesse de la Trinité de Caen ;
- Louise, abbesse de Gercy ;
- Madeleine, abbesse de Caen après sa sœur Anne ; elle mourut en 1598.