Association Les Amis de L'Isle Adam

Adolphe WILLETTE
(1857-1926)


     Né à Paris le 30 juillet 1857, Adolphe Willette s’illustre comme peintre et dessinateur humoristique. Il crée dans le journal satirique « Le chat noir » son immortel personnage de Pierrot. On ne peut manquer d’associer le charmant Pierrot, poète montmartrois de Willette, à la célèbre chanson de Bessière et Marinnier : « Bonsoir, Madame la Lune, bonsoir, c’est votre ami Pierrot qui vient vous voir … ». En 1884, Willette est refusé au Salon pour sa toile intitulée « Parce Domine », considérée aujourd’hui comme un chef d’œuvre.

     Willette est surtout connu à L’Isle-Adam pour son « Bœuf à la mode ». Chaque année, il venait avec Christiane, sa compagne et modèle, passer les mois d’été dans une petite maison située rue Saint Lazare, à proximité du quartier du Vivray. Il avait connu Christiane alors qu’elle était vendeuse de fleurs au foyer des Folies-Bergères à Paris. A L’Isle-Adam, la jeune femme élevait, dans le petit jardin de leur propriété, quelques poules et lapins, ainsi qu’une petite chèvre. Elle y accueillait également une soixantaine de chats.
    Willette qui se fournissait en viande chez un boucher de la Grande Rue se trouva un jour, par accumulation d’achats devant une facture assez élevée. Ne pouvant régler sa dette, le peintre proposa au commerçant de lui décorer son tiroir caisse. Après quelques hésitations et plutôt que de tout perdre, le boucher accepta. Willette se mit au travail et peignit d’un pinceau alerte un bœuf endimanché à la mine réjouie. La peinture terminée, l’auteur eut l’audace de demander une tranche de viande supplémentaire. Devant le refus catégorique du commerçant en colère, Willette rangea pinceaux et couleurs et partit avec dignité sans signer son œuvre. Cette peinture resta en place jusqu’à la transformation du magasin en 1970. 

     Willette et la toute blonde Christiane reçurent dans leur maison tous leurs amis peintres de la région : Renet-Tener, De Lobel, Chevalier, Boulard, … En 1896, Willette fonde la revue « La vache enragée ». Le premier numéro du 11 mars annonce une cavalcade grandiose « La vachalcade » qui fera courir le Tout-Paris. Pour le lancement de cette revue, son ami Toulouse-Lautrec lui brosse une affiche remarquable, aujourd’hui au musée d’Albi, représentant une avalanche de personnages affolés, mis en panique par une vache enragée. Devant un tel succès, Willette décide de recréer cette « Vachalcade » à L’Isle-Adam. A la tête d’un bataillon de jolies filles à l’allure montmartroises, il débarque à la gare de Parmain. Et c’est par un beau dimanche ensoleillé que la cavalcade défile en ville. Parmi les nombreux chars aux noms évocateurs, retenons : La roulotte, La cloche de bois, La Belle étoile, Le moulin de la Galette, La chanson des cerises et le plus réussi sans doute La Poésie sur lequel ont pris place « un bouquet de jolies filles costumées, tandis qu’un page assis sur un croissant de lune joue de son luth… ». Dominant le tout, la séduisante Christiane adossée à une gigantesque lyre, resplendit dans une merveilleuse toilette à panier de Pierrette. La fantaisie de Willette était à son comble ce jour là à L’Isle-Adam. 

 Débarquement de la nouvelle année 

     Pendant ce temps la petite chèvre des Willette montrait un appétit immodéré pour les salades du voisin. Un jour qu’elle avait franchi une fois de plus la haie de séparation pour se régaler de verdure, le propriétaire exaspéré, se saisit de l’animal et le tua tout net. Puis coupant la tête de la pauvre bête, il la planta sur la grille d’entrée de ses voisins. Willette fut outré par ce geste de sauvagerie et prit ce prétexte pour quitter L’Isle-Adam à tout jamais. Abandonnant Christiane, le peintre retourna habiter Paris, où il se maria en 1899. Le nouveau couple s’installa dans un petit logement du quartier des Epinettes, au pied de la Butte Montmartre. De cette union naquirent trois filles. Comme bien d’autres de ses compagnons peintres, Willette connut les injustices, les luttes et les souffrances, mais il eut la joie de fonder son propre journal humoristique, "Le Pierrot" où paraissaient chaque semaine ses dessins aux légendes savoureuses.
    Des honneurs, il n’en connaîtra qu’un seul, celui d’être nommé président à vie de la fameuse République de Montmartre. Son plaisir, il le passe en compagnie de son ami Poulbot, durant de nombreux Noëls à distribuer des jouets aux enfants pauvres.

  

     Adolphe Willette décède à Paris, un soir d’hiver de l’année 1926, âgé de 69 ans. Un joli square lui fut dédié au pied de la butte Montmartre. Devenue âgée, la petite Christiane des jours heureux pleura dans la pauvreté ses amours passées et s’éteignit à Stors par un bel après-midi de l’été 1923, trois ans seulement avant la mort de son vieil ami Pierrot.



Journal "Le Pierrot"

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