Henri Ier de Montmorency
Henri Ier de Montmorency
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N° RMN163765
Né à Chantilly le 15 juin 1534, il est le second fils d'Anne de Montmorency. Il a pour parrain le roi Henri II.
Du vivant de son frère,
il était connu sous le nom de Damville.Henri 1er
Dès sa jeunesse, il se distingue au siège de Metz, en 1552. Le 26 janvier 1559, il épouse à Ecouen Antoinette de la Marck, fille de Robert IV de la Marck, maréchal de France, duc de Bouillon, et de Françoise de Brézé ; elle avait 18 ans.
A la bataille de Dreux, le 19 janvier 1562, son frère Gabriel est tué et son père blessé est fait prisonnier. Il combat avec fureur et assure la victoire des catholiques par la capture du Prince de Condé, dont l'échange permet de rendre la liberté au connétable. L'année suivante, il obtient le gouvernement du Languedoc. Il y combat les protestants, ce qui lui vaut l'éloge du pape Pie IV et le bâton de maréchal de France.
La mort de Charles IX et l’avènement de Henri III en 1574 l’exposent à d’injustes accusations. Toutefois, en 1578, il reçoit à Toulouse Catherine de Médicis et lui fait les honneurs de son gouvernement.
A la mort de son frère François, en 1579, il prend le nom de Montmorency, laissant celui de Damville à son frère Charles, seigneur de Méru.
Le 1er février 1582, sa mère Madeleine de Savoie fait aveu et dénombrement à Pontoise pour sa seigneurie de L'Isle-Adam.
En 1583, les populations des environs de Beaumont, déjà bouleversées par un récent tremblement de terre, furent effrayées à la vue d’une large zone de feu au fond du ciel ; c’était une aurore boréale que la science d’alors ne pouvait expliquer. Dans l’espoir d’apaiser le ciel, on eut recours aux processions blanches, sortes de pèlerinages où les gens vêtus de blanc, portant des croix et des cierges, parcouraient plusieurs pays. C’est ainsi que, le 26 septembre, six mille personnes allèrent de Senlis à Pontoise où elles passèrent la nuit ; puis traversant l’Isle-Adam, Beaumont et Asnières-sur-Oise, elles rentrèrent le 28 à Senlis. Les deux mois suivants d’autres colonnes de pèlerins partirent de Luzarches et de l’Isle-Adam pour se rendre à Senlis où convergèrent celles de Damartin, Creil et Pont-Sainte-Maxence.
Quelque temps après, les Ligueurs occupèrent plusieurs villes du Vexin, entre autres Pontoise et l’Isle-Adam. Le 14 juillet 1589, dans la soirée, le roi de Navarre (futur Henri IV), assiégeant Pontoise écrivait à la belle Corisande (Diane d’Andouins), veuve du comte Philibert de Gramont et lui annonçait la reddition de l’Isle-Adam comme ayant eu lieu le jour même. Il comptait y loger le lendemain ; mais le 15 il coucha à Chambly. Cependant il eut soin d’envoyer à l’Isle-Adam un détachement pour occuper le château et la tour et, le 20, il y était en personne. Le 25 eut lieu la reddition de Pontoise.
A la nouvelle de l’assassinat de Henri III (1er août), le duc de Montmorency fit proclamer Henri IV dans son camp et dans les villes qui lui étaient soumises. Il continua de combattre les Ligueurs en Provence, puis en Dauphiné. Cependant le roi avait conduit son armée à Paris, à Poissy, puis à Beaumont ; bientôt il partit de Méru pour la Normandie et gagna la bataille d’Arques (21 septembre).
Le 20 novembre de la même année, Henri IV confirme Henri de Montmorency comme Gouverneur et Lieutenant-général dans le Languedoc. Grand soldat et administrateur habile, l'autorité pleine d'indépendance qu'il exerça dans cette province lui fit donner le nom de « roi du Languedoc ».
Le 6 janvier 1590, les Ligueurs reprennent le château de L'Isle-Adam défendu par le capitaine Charles de Perthuis ; mais peu après les avoir défaits à Ivry-sur-Eure (13 mars), Henri IV s’empara de Beaumont et réoccupa l’Isle-Adam. Le 21 août 1591, le marquis Charles d’Alincourt, gouverneur de Pontoise pour la Ligue, profitant de l’absence du sieur d’Hédouville, capitaine du château fort de l’Isle-Adam, s’emparait de cette petite ville, la pillait et mettait le feu en divers endroits. Les Ligueurs conservèrent toutefois intacte la tour du château et y laissèrent une garnison composée de lansquenets pour garder le passage de l’Oise.
Et le 29 du même mois, Henri IV écrivait au duc de Montmorency, une lettre datée du camp de Noyon pour l’informer de cette mésaventure. En voici un extrait :
« Mon cousin, je vous ai, depuis cinq ou six jours, écrit par un laquais, que je renvoyai vers le sieur Lesdiguières, étant contraint de me servir de ces commodités, faute de meilleures. De peur que le dict laquais soit perdu et que vous n’ayez point eu la lettre, j’ai advisé de vous faire mettre ici un duplicata par lequel vous verrez qu’il n’est rien survenu de nouveau, sinon que pendant que le sieur d’Erdouville, qui commandait à l’Isle-Adam, était venu pour se trouver à la bataille, ceux de Pontoise ont surpris le bourg et le chasteau du dict l’Isle-Adam où ils se sont fort insolemment portés dans le vieil chasteau qu’ils ont gasté en plusieurs endroits, dont j’ai eu déplaisir. Et j’espère bien le leur faire payer, même à celui qui commande dans le dict Pontoise, qui a d’autres maisons où il sera aisé de se revancher. »
L’Isle-Adam ne restera pas longtemps au pouvoir des soldats de d’Alincourt ; le 12 septembre suivant, le marquis d’O et autres qui étaient partis de Senlis avec le régiment de la garde et d’autres troupes amenant quatre pièces de canon, 254 boulets de batterie en huit charrettes et 2.000 caques de poudre à canon, parurent devant la petite ville ; l’artillerie était commandée par Jonny, commissaire royal. On somma les lansquenets de se rendre. Sur leur refus, le feu fut ouvert immédiatement et une brèche pratiquée à coups de canon. On allait donner l’assaut, quand les Ligueurs se voyant dépourvus de moyens suffisants de défense, firent des propositions de rendre la place, dans laquelle fut réinstallé M. Hédouville.
Une trêve de sept mois conclue à Meulan le 1er septembre 1592 entre le marquis d’Alincourt, au nom du duc de Mayenne et le marquis d’O représentant le roi, fut ratifiée le 30 par Henri IV. Elle assurait la cessation des hostilités dans les gouvernements de Pontoise, Mantes et Meulan et stipulait la neutralité de la ville et du château de l’Isle-Adam. Celui-ci avait beaucoup souffert de cette guerre. Aussi le Conseil d'Etat ordonna-t-il au Trésorier de l’Epargne, Balthazar Gobelin, le 17 mars 1597, de payer à Messire Charles Marchand, la somme de 1.000 écus pour l’employer aux réparations de l’Isle-Adam.
Pendant qu’Henri de Montmorency continuait à batailler dans le Midi, il était devenu veuf le 7 février 1591. Ayant perdu deux ans après, son fils Hercule, comte d’Offémont, et n’ayant plus que deux filles (Charlotte et Marguerite), il voulut perpétuer sa lignée en épousant à Pézenas, le 29 mars 1593, Louise de Budos, fille de Jacques de Budos et de Catherine de Clermont-Montoison. Elle n’avait que 18 ans et lui était dans sa cinquante neuvième année. Le 11 mai 1594, ils eurent une fille, qui fut nommée Charlotte-Marguerite et qui épousera Henri II de Bourbon-Condé.
Après son abjuration (23 juillet 1593), le roi écrivit au duc de Montmorency les détails de sa conversation.
Le 8 décembre suivant, il lui remit l'épée de connétable en récompense de ses services ; ensuite, il l'informa qu’il avait différé les cérémonies de son sacre afin qu’il pût y assister.
Au cours de l’année 1593, un violent orage de grêle ravage l’Isle-Adam et sa région.
Le 30 avril 1595, le connétable eut la joie d’avoir un fils. Le 2 juillet suivant le roi étant à Lyon, Montmorency lui fit serment et hommage de l’office de connétable.
Le 6 novembre, Henri IV lui écrivit de Chauny :
« Sachant que vostre long voyage mérite du repos, aussi ne voulant empescher le contentement que vous aurez de voir vostre maison de Chantilly, ma cousine la connestable et vostre fils, je vous donne dix ou douze jours pour vous reposer, vous priant le dict temps passé me venir trouver. »
Deux jours après, le connétable fit foi et hommage au roi pour le duché-pairie de Montmorency. Son fils ne fut baptisé que le 5 mars 1597, mais en grande pompe, et Henri IV, son parrain, le tint lui même sur les fonds.
Louise de Budos étant morte à Chantilly, le 26 septembre 1598, son mari accourut de Fontainebleau lui rendre les derniers devoirs ; puis il se rendit à Mello pour y chercher quelques distractions. Il y fut rejoint par Laurence de Clermont, fille de Claude de Clermont-Montoison et de Louise de Saint-Simon, grand tante maternelle de ses enfants Charlotte et Henri qu’elle entourait de soins. Elle avait 27 ans et lui 65. Malgré la différence d’âge, elle lui offrit de l’épouser et, peu après le service anniversaire de Louise de Budos, leur union fut bénie dans la chapelle du château, secrètement, sans les formalités voulues. Le mariage fut régularisé à Rome et célébré publiquement à Beaucaire, le 19 juin 1601. Mais bientôt, le duc mécontent de sa jeune femme l’exila à l’Isle-Adam, puis au château d’Offémont, enfin à Villiers-le-Bel, sans jamais la revoir.
Au mois de mars 1604, Henri IV revenant de Chantilly s'arrêta au château de L'Isle-Adam.
En 1606, le connétable se rendit en Languedoc pour y faire reconnaître son jeune fils Henri comme successeur au gouvernement de cette province.
La même année, étant à Paris, il fit son testament, à la fin duquel il suppliait Henri IV, son bon maître, « se souvenir de lui après son décès, prendre son fils en sa protection et l’employer au service et près de la personne de Monseigneur le Dauphin et le lui recommander. »
Après l'assassinat du Roi, le connétable reste encore deux ans à la cour de la Reine régente. Son frère Charles, seigneur de Méru, étant mort au début le l’année 1612, lui laissa en héritage son duché d’Amville avec les vicomtés de Tancarville et de Melun, les seigneuries de Vigny, Méru, etc.
Le 17 mai de la même année, le duc de Montmorency étant à Paris en son hôtel, rue Sainte-Avoye, donne, en présence de deux notaires de Paris, à l’abbaye de la Victoire à Senlis, une lampe d’argent de 300 livres tournois, pour être suspendue à la voûte de l’Eglise, dans le chœur et allumée jour et nuit. A cette donation, il ajoute une rente qui ne serait payée que tant que cette lampe serait pendue dans cette église et à condition que les Religieux prient Dieu tous les jours à son intention.
Le connétable Henri de Montmorency, sentant le poids de son grand âge, se démit de sa duché-pairie en faveur de son fils, Henri II, qui fit foi et hommage au roi le 29 juillet 1613.
Il passa le reste de sa vie dans la retraite et la pénitence et il mourut le 1er avril 1614 au château de la Grange-des-Près, près de Pézenas en Languedoc. Dans son testament, il avait défendu qu'on lui érige un mausolée et, selon sa volonté, il fut enterré avec l’habit de franciscain, sans aucune pompe, dans l’église du Couvent des Capucins de Notre-Dame de la Crau, qu’il avait fait bâtir.
Son cœur fut apporté dans l’église de Montmorency.
De son premier mariage avec Antoinette de la Marck, il avait eu quatre enfants :
- Hercule, comte d’Offémont, né en 1572, mort sans alliance le 15 février 1593 ;
- Henri, mort à deux ans le 25 septembre 1593 ;
- Charlotte, mariée le 6 mai 1591 à Charles de Valois, comte d’Auvergne, puis duc d’Angoulême, décédée en 1636 ;
- Marguerite, mariée le 26 juin 1593 à Anne de Lévis, duc de Ventadour, morte le 3 décembre 1660.
De sa deuxième femme, Louise de Budos, il eut deux enfants :
- Henri II de Montmorency, son successeur ;
- Charlotte-Marguerite, née le 11 mai 1594 et mariée le 13 mars 1609 à Henri II de Bourbon, prince de Condé.
De sa troisième femme, Laurence de Clermont, il n’eut point d’enfant ; elle mourut à 83 ans dans son château de Méru, le 24 septembre 1654.