Charles de Villiers de
L'Isle-Adam
Sceau de Charles de Villiers
Abbaye N.D. du Val
Son oncle paternel Louis, évêque de Beauvais, lui avait donné, le 2 janvier 1498, un canonicat dans son église et y avait ajouté l'archidiaconé, le 9 avril 1501. Cependant, il restera jusqu'en 1509 sous la tutelle de sa mère, Agnès du Moulin.
Le 27 août 1510, Agnès du Moulin abandonne à son fils aîné Charles la jouissance de la châtellenie de L'Isle-Adam avec tous les droits quelle pouvait avoir sur les biens de feu son mari, moyennant une rente annuelle de 500 livres tournois, quatre muids de blé et huit de vin.
Le 26 mars 1513, il promet à sa mère que, s'il ne laissait pas de postérité, il lui abandonnerait la jouissance de la châtellenie.
Le 25 novembre 1516, il consent, que dans le cas du mariage de son frère Claude avec Jeanne de Chable, leurs enfants pussent représenter leur père dans la succession de leur oncle Charles.
Par un acte passé le 20 février 1519, devant Antoine Lenatier, notaire à L'Isle-Adam, il acquiert de Jacques Desgranges, pour 112 livres, 10 sous tournois, dix-sept arpents, trente-sept perches et demie de terre, prés et bois aux marais de Nogent, près " Les Retondes ". Il est alors qualifié Abbé commendataire de l'Abbaye du Val et Evêque de Limoges. Il venait, en effet, d'être nommé par François 1er, évêque de ce diocèse, en remplacement de Philippe de Montmorency décédé, mais il ne prit possession de son siège que trois ans après.
Le 17 juin 1519, le roi était à L'Isle-Adam, venant de Saint-Germain-en-Laye et allant à Paris. Quelque temps après, il y eut de brillants tournois à Chambly et aux environs : " Les gentilshommes qui en revenaient parvindrent trois jours avant la Magdeline en ung fort chasteau nommé Lisle-Adam, assis dedans une isle au meillieu de la rivière d'Oyse, plaisante à merveille auquel lieu faisait sa demeure, Monseigneur de Villiers, évesque de Limoges, pour lors et seigneur du lieu, lequel trouvèrent nos hommes d'armes accompaigné de plusieurs grands seigneurs, et dames. Toute cette compaignie trouvèrent nos gentilshommes errans ; auquel lieu n'eurent faulte de passe-temps, de danses et de karolles..."
Le 29 novembre 1519, François 1er étant à Blois, Charles de Villiers lui prête serment de fidélité pour le temporel de l'évêché de Limoges. Le 29 août de la même année, il acquiert cinq arpents au terroir de Nogent, lieu dit les "Grandes Retondes". En 1521, il achète une partie de la propriété de l’hôtel de la Mouffe à Paris (actuel emplacement de l’hôtel de Sully). Il s’en dessaisit en 1525 en faveur de sa soeur Louise de Villiers, veuve de Jacques d’O, seigneur de Baillet.
Le 18 décembre 1521, Charles de Villiers assure à son frère Claude la propriété de la terre d'Avesnes en Vimeu ; de son côté, Claude renonce à tout ce qui pourrait encore lui revenir de la succession de ses père et mère. Cependant, un différend s'éleva entre les deux frères, au sujet du partage de ces biens et il ne se termina que le 18 décembre 1527 par une transaction qu'un arrêt du Parlement sanctionna cinq jours après.
Le 6 avril 1522, Charles de Villiers, prieur commendataire du Prieuré de Notre-Dame et Saint-Godegrand, prend possession de l'évêché de Limoges.
Le 23 juillet 1524, il acquiert du Grand Prieur du Temple, pour 25 livres tournois, 87 arpents et demi de bois taillis nommés les bois du Temple sur les territoires de Nesles et de l'Isle-Adam.
Le 5 mars 1529, Charles de Villiers vendait à Louise de Becdelièvre, dame de Stors, le fief Chauvin, sis à Butry, paroisse d'Auvers.
Le 21 février 1530, Antoine Lascaris de Tende, successeur de Louis de Villiers sur le siège épiscopal de Beauvais, résigne son évêché en faveur de Charles de Villiers. Le 24 mars, Jean Maubert, chanoine de la cathédrale, fondé de pouvoir du successeur d'Antoine de Tende, présente au Chapitre des bulles par lesquelles le Pape Clément VII transférait Charles de Villiers du siège de Limoges à celui de Beauvais.
Au mois d'octobre suivant, une épidémie terrible sévit à Beauvais.
Aussitôt
Charles de Villiers ouvre une souscription, en tête de laquelle il
s'inscrit pour dix livres par
semaine.
En 1533, Charles de Villiers entreprend la visite de toutes les paroisses de son diocèse. En 1535, alors qu'il visitait le doyenné de Clermont, une grave maladie l'arrête dans la paroisse de Saint-Maximin. Il s'alite au le château de Laversine où il décède. Son corps est embaumé et placé dans un cercueil en plomb, puis inhumé dans l'église de l'abbaye du Val à Mériel auprès de ses parents. La pierre en marbre noir qui recouvrait sa tombe portait un gisant en albâtre délicatement travaillé, représentant le prélat couché avec ses armoiries et autour une inscription latine : " Cy gist révérend père en Dieu Messire Charles de Villiers, en son vivant évêque-comte de Beauvais, pair de France, abbé commendataire des Abbayes de Céans et de Saint-Pierre les Chalons, et seigneur châtelain de L'Isle-Adam, Valmondois et Nogent-sur-Oise, qui trépassa le XXVIème jour de septembre mil VCXXXV. Priez Dieu pour son âme. "
Le 10 février 1672, à l’occasion de travaux effectués dans l’église de l'abbaye, le cercueil en plomb est ouvert par curiosité. A la grande surprise des religieux, ils trouvent le corps de leur ancien abbé en parfait état de conservation. En 1792, le corps du prélat est transféré dans le chœur de l'église de Mériel.
Le splendide vitrail représentant Charles de Villiers, conservé dans la collégiale Saint-Martin de Montmorency, est daté de 1524. Il porte, dans trois cartouches les initiales E. L. P., qui sont celles d'Engrand le Prince, l'habile peintre verrier de Beauvais. L'évêque Charles y est représenté avec un rochet blanc-rosé, une robe rouge et un camail pourpre. Derrière lui, se tient son Saint patron sous les traits de Charlemagne, portant le globe et l'épée qui le protège et dont la robe est aux armes de France et d'Allemagne. Mais en y regardant bien on constate qu'il porte le collier de la toison d'or, ce qui indique qu'il s'agit en réalité de Charles Quint auprès de qui Charles de Villiers était l'ambassadeur du roi de France. Charles de Villiers est peint en habit de cardinal, car il espérait l’être par le crédit de son neveu le maréchal de Montmorency, mais sa mort prématurée en empêcha la réalisation. Les robes blanches des anges qui l'accompagnent portent les armoiries des Villiers de L'Isle-Adam. Ces armoiries sont les seules qui n’ont pas été détruites dans l'église de Montmorency lors de la Révolution.
Gisant de Charles de Villiers
(Abbaye du Val)
Vitrail de l'église St Martin de L'Isle Adam
Charles de Villiers en prière